Election au CRIF Profession de foi d'Arié BENSEMHOUN

Publié le par Eli d'Ashdod

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Cher(e)s collègues, Cher(e)s ami(e)s,
Arie BENSEMHOUN


Pour la troisième et je veux croire la dernière fois, je suis candidat à la présidence du CRIF. Bien que difficile, c’est une décision logique dans un long parcours marqué par l’engagement au service de la communauté juive depuis 35 ans.


Aux EEIF tout d’abord où j’ai vécu mes premières expériences militantes et où j’ai appris les valeurs du groupe, de l’équipe, de la communauté...

 

Aujourd’hui encore, alors que les EEIF fêtent leur 90e anniversaire, je me sens appartenir à cette grande famille qui a fait de la transmission du savoir, de la tradition et de la responsabilité l’essentiel de sa pédagogie.

 

Donner, recevoir, passer le flambeau à la génération qui monte pour assurer la pérennité du mouvement... c’est tout le judaïsme qui s’exprime là.


Cet esprit, je l’ai retrouvé à l’UEJF dont j’ai été le président national à la fin des années 80. Avec mes amis, nous avons été les pionniers des grandes aventures politiques de ces 30 dernières années.

 

De la création de SOS Racisme, aux combats pour la mémoire, la citoyenneté, la coexistence, la défense d’Israël en passant par le dialogue judéo-arabe, l’UEJF est et a été à la pointe du combat politique pour construire et placer le judaïsme français au cœur de la Cité.


C’est à cette période que j’ai fait mes premiers pas au CRIF. J’ai été élu au Comité Directeur pour la première fois sous la présidence de Théo Klein et en suis resté membre sans discontinuer. Longtemps je fus, à mon grand regret, le plus jeune de cette institution dont j’ai été le président régional à Toulouse à l’âge de 30 ans.


J’ai eu le privilège de travailler avec tous les présidents successifs depuis Théo Klein.


Aux côtés de Jean Kahn, d’Henri Hajdenberg, de Roger Cukierman et de Richard Prasquier, j’ai beaucoup appris sur l’institution et sur moi-même. Sur les forces qu’il faut développer et les faiblesses qu’il faut corriger.

Sur les défauts qu’il faut rectifier et les qualités qui sont indispensables pour remplir cette difficile mission.

Chaque Président a donné le meilleur de lui-même pour servir l’institution. Ils ont chacun apporté leur pierre à cet édifice qu’est le CRIF et je veux leur rendre hommage, leur exprimer ma reconnaissance pour avoir fait honneur aux combats que nous menons.


Nous traversons une période critique. Certainement la pire que nous ayons connue depuis la seconde guerre mondiale. C’est dire si, plus que jamais, nous avons besoin d’un CRIF puissant et rassemblé.

D’un CRIF de combat qui, fort de son passé, de son histoire et de sa mémoire regarde l’avenir avec confiance, espoir et optimisme malgré ou justement à cause des nuages qui s’amoncellent au-dessus de nos têtes.


Paris, le 21 Avril 2013


Il faut aller de l’avant et je suis prêt à relever le défi. C’est pourquoi je suis le candidat de la continuité, le successeur naturel de ceux qui depuis bientôt 70 ans transmettent le flambeau de la résistance pour la dignité et l’éternité du peuple juif.


Résistance ! C’est le mot qui définit le mieux mon engagement au service du peuple juif. C’est en 1984, il y a 29 ans presque jour pour jour que j’ai eu la révélation de ce qui allait devenir la passion de ma vie.

Au lendemain des célébrations du 40e anniversaire de la révolte du ghetto de Varsovie, j’ai fait partie de la première délégation de jeunes juifs du monde entier autorisée à se rendre en Pologne.


Je n’oublierai jamais ces journées de la mémoire où j’ai foulé la terre gorgée du sang de mon peuple. A Auschwitz, Tréblinka, Maïdanek... le jeune militant de 22 ans que j’étais est devenu un homme. A Varsovie, à l’emplacement de l’ancien ghetto qui vit le combat désespéré de Mordekhai Anielewicz et de ses camarades, j’ai fait le serment de Massada. Plus jamais nous ne devrons tolérer que les juifs puissent être menacés.


Les combattants du Ghetto de Varsovie n’avaient aucune chance face à l’armée allemande mais leur courage et leur sacrifice ont changé le cours de la guerre.

Ils ont inspiré les résistants de toute l’Europe et ceux qui formeront les premiers bataillons de Tsahal. Ils ont rendu leur dignité aux juifs que les nazis et leurs complices étaient en train d’exterminer dans l’indifférence quasi générale.

Aujourd’hui encore, ils restent des exemples qui nourrissent notre foi dans l’éternité d’Israël et du peuple juif.


Le 19 mars 2012, à 8h du matin, c’est à la promesse que j’avais faite à Varsovie que j’ai repensé lorsque j’ai appris qu’un terroriste islamiste venait d’assassiner Jonathan Sandler et ses deux garçons Arye et Gabriel ainsi que la petite Myriam Monsonégo.


Ce que nous redoutions le plus venait de se produire dans ma communauté, dans l’école de mes enfants qui est aussi la synagogue dans laquelle, avec ma famille, nous prions le chabbat et les jours de fêtes.

Il n’y a pas de mots pour exprimer l’horreur que nous avons ressenti. Et pourtant il fallait faire face. C’est ce que nous avons fait, pour les familles des victimes, pour les enfants, pour toute la communauté, pour le peuple juif.


Ce fut la pire situation qu’il m’ait été donnée de vivre. Je ne l’oublierai jamais !


Il ne se passe pas un jour depuis, sans que je me pose la question de savoir ce que nous devons faire pour enrayer la mécanique infernale de la haine des juifs et d’Israël.


En tant que Président de la communauté juive de Toulouse et membre du bureau exécutif du CRIF, je me suis retrouvé, avec Nicole Yardeni, en première ligne pour gérer une tragédie exceptionnelle, à laquelle nous n’étions pas préparés.

Il a fallu improviser là où il n’y a pas de place pour l’improvisation et c’est grâce à notre extraordinaire unité et au sens des responsabilités dont chacun a fait montre que notre communauté a pu continuer à vivre et qu’elle commence à se relever.


Mais rien ne sera plus comme avant. Ni à Toulouse, ni ailleurs en France. C’est pourquoi nous devons tirer tous les enseignements et toutes les conséquences de cette tragédie qui interroge l’avenir des juifs de France et oblige le CRIF à redéfinir ses priorités, ses modes d’action et de représentation. En un mot à se repenser, à se réinventer pour affronter les nouveaux défis auxquels les juifs de France sont confrontés.


C’est dans cet esprit que nous avons lancé un « Appel pour la refondation du CRIF ». J’ai participé au travail collectif de rédaction de ce texte. Je fais miens la lettre et l’esprit de cet appel qui a déjà été signé par 40 personnalités, pour la plupart membres de l’Assemblée Générale du CRIF.


Dans les jours qui viennent, je préciserai les modalités de cette refondation que nous appelons de nos vœux. D’ores et déjà, je souhaite en indiquer les grandes lignes. La refondation n’est ni une simple rénovation ni une révolution.


C’est au niveau du logiciel de l’institution qu’il faut agir :
1/ Redéfinir la mission prioritaire du CRIF et restaurer l’unité de la communauté autour de cette mission acceptée par tous. A mon sens le CRIF doit concentrer tous ses efforts pour lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes, contre ses causes et ses conséquences.


2/ Renforcer la représentativité du CRIF pour accroitre sa légitimité dans et hors de la communauté juive. Renforcer significativement la présence des organisations actives et militantes, favoriser la présence des jeunes, des femmes, des représentants des régions, des personnalités de la société civile, des acteurs des réseaux sociaux...


3/ Mettre en place une véritable gouvernance ou le rôle du président et des instances de direction est précisé et réel. Une gouvernance qui organise le partage des tâches entre professionnels et élus, qui définit et coordonne les prérogatives de chacun et permet l’expression des nombreux talents que compte notre institution.


Chers amis,
Nous ne sommes qu’au commencement d’une crise qui va bouleverser le monde et créer une situation de grande insécurité pour les juifs et Israël.


La montée des populismes conjuguée avec la progression de l’islam radical crée une situation d’urgence à laquelle il faut répondre. Nous n’avons plus le temps d’attendre. Le CRIF ne peut se permettre une transition inutile et couteuse en terme d’image et d’efficacité.


Vous devez élire celui qui saura redonner espoir et confiance aux juifs de France dans leurs institutions. Celui qui pourra porter, entouré d’une équipe forte et expérimentée, la parole et les revendications du judaïsme français auprès des responsables politiques, de la société civile et aussi et peut être surtout, des médias.


Le prochain président du CRIF doit être un militant expérimenté, un communicant maitrisant les codes des médias et des réseaux sociaux. Un organisateur, un manageur et aussi un animateur d’un réseau qui reste à développer.


Je suis aujourd’hui celui qui pourra être demain, si vous le décidez, le Président d’un CRIF qui rassemble et agit avec sagesse et efficacité.
Je reste à votre disposition et vous assure de mon dévouement et de ma totale disponibilité au service des causes et des combats que je souhaite mener avec vous.


Cordial Chalom. Arié Bensemhoun

Publié dans Antisémitisme

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