Antisionisme = Antisémitisme ? suite 1…

Publié le par Eli d'Ashdod

Les questions d'Israël-flash

Après de très nombreuses lectures  (près de 8000) du premier article….voici la suite… 

lire Antisionisme = Antisémitisme ?

également : Shalom archav contre la vérité – vidéo - Jérusalem Une et Indivisible 

et aussi : La dernière absurdité de Shlomo Sand – « La terre d’Israël est un mythe »

Mon sujet d’indignation ? L’antisionisme, pardi !  « Le camp de la paix » ou l’antisionisme juif israélien

 

« Celui qui ne fait rien pour défendre l’image d’Israël contribuE nécessairement à la ternir » Jürgen Bühler

 

Et défendre Israël ne consiste-t-il pas justement à dénoncer systématiquement les prises de position et les déclarations scandaleuses des antisionistes ? Même si mes « coups de gueule » n’y changeront rien, je reste persuadée qu’il faut dénoncer toutes les injustices – et la condamnation systématique de l’État juif en est une- fussent-elles commises par des Juifs dont les titres ou la notoriété  appellent le respect.

 

À la différence de bien des pays, l’État juif ne cherche pas à étouffer les conflits. Évidemment, me direz-vous, comment camoufler celui qui l’oppose aux Palestiniens et aux pays arabes ? Mais il ne tente pas non plus de cacher au reste du monde les conflits qui opposent des Juifs aux Juifs. De  toute façon, ces conflits, quelle que soit leur nature (politique, religieuse, etc.), ne se traduisent presque jamais par des actes de violence, ils n’empêchent pas la coexistence et sont la preuve qu’en Israël on sait vivre ensemble.

 

Alors, n’en déplaise à Hessel et à tous ses acolytes, ce sont eux que j’ai choisis pour objet de mon indignation. Dans la première partie de ma chronique, j’ai évoqué  l’antisionisme des non-Juifs et celui des Juifs de la diaspora. Mais pour attaquer Israël, ils ne sont pas seuls. Si l’antisionisme juif est inacceptable, il est une autre forme d’antisionisme qui devrait nous révolter au plus profond de notre être, que nous nous devons de dénoncer haut et fort : c’est l’antisionisme juif israélien. Être juif, israélien et … ANTISIONISTE, cela semble inconcevable, et pourtant, c’est possible.

Les pires antisionistes, ceux qui nous scandalisent  et qui devraient être ostracisés, se recrutent hélas dans la population juive israélienne. Ce sont nos terroristes : ils se servent habilement de mots pour faire la guerre à Israël, ils sont même plus dangereux que les vrais terroristes et représentent une réelle menace pour Israël, peut-être même plus grave que celle représentée par les Palestiniens. En effet, comme ils appartiennent à l’intelligentsia israélienne, ils profitent de leurs titres, de leur notoriété en Occident et des postes qu’ils occupent pour mener  une guerre sans merci à leur propre pays, à leur propre peuple, à leurs propres enfants, parents, frères ou sœurs. Et ils fournissent aux antijuifs des armes supplémentaires pour délégitimer Israël.

C’est que les medias se servent de ces groupuscules extrémistes religieux antisionistes et de ces quelques Juifs gauchistes pour stigmatiser Israël et donner du poids aux propos tenus par tous les antisémites. Le moindre de leurs propos, le plus petit conflit – surtout s’il oppose des Juifs à des Juifs-  est repris et monté en épingle par les médias.

 

J’en veux pour preuve un article de Marianne, daté de juin 2010, qui rapporte, sous le titre « Cent mille juifs anti-juifs dans les rues israéliennes », un événement qui n’a rien de dramatique : 100 000 ultra-orthodoxes tenaient le pavé pour protester contre un arrêt de la Cour Suprême interdisant la ségrégation entre ashkénazes et sépharades dans une école primaire religieuse. Et  l’auteur de l’article, Martine Gozlan – une juive en l’occurrence- de conclure en ces termes : « Comment Israël pourrait-il voir l’autre absolu, le Palestinien, alors que ses propres citoyens refusent de se voir et de se côtoyer eux-mêmes » ?

 

Les exemples de Juifs traîtres ou de Juifs qui causent du tort à l’État juif sont, hélas, monnaie courante. Pourtant, leurs idées, pour scandaleuses qu’elles soient, ne font pas l’objet de condamnations, et  le gouvernement israélien ne recourt ni à l’intimidation ni à des sanctions pour faire taire leurs auteurs.

 

Sans doute est-ce là le prix à payer pour la démocratie. Ce qui nous fait dire qu’Israël pourrait avoir pour devise cette phrase de Voltaire : « Je hais vos idées, mais je suis prêt à mourir pour que vous puissiez les exprimer ».

 

Rappelons pour mémoire des faits récents dont les médias font leurs choux gras.

- Il y a quelques jours, Le quotidien Le Monde titrait : « Oui à un « made in Israel » n’incluant pas les colonies ». Pour donner du poids à l’article, Le Monde précise les titres de l’auteur, à savoir ex-président de la Knesset (1999-2003) et président de l’Agence juive et de l’Organisation sioniste mondiale. Mais il se garde bien d’ajouter que Avraham Burg appartient à la Gauche israélienne, la plus antisionistes des « Gauche ».

D’ailleurs quelques phrases glanées ici et là dans l’article sont très révélatrices de l’anti-israélisme de Burg : « les yeux du peuple israélien sont aveugles et ses oreilles sourdes, ses dirigeants sont mous et faibles », ou encore « Il s’agit de dire  à Israël qu’il ne peut être traité comme « la seule démocratie du Moyen-Orient » alors qu’il est le dernier occupant colonialiste du monde occidental. (…) Au contraire, les colons, les conquérants et leurs alliés politiques, dont Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, sont les véritables ennemis de l’avenir d’Israël. »

            – Et qui eût cru, qui eût dit que des universitaires juifs israéliens célèbreraient la Naqba à l’université de Tel-Aviv et à Haïfa ? C’est pourtant ce qui s’est passé lors de Yom Hazikaron, quand des Israéliens – de gauche cela va sans dire- ont jugé bon d’honorer non pas leurs soldats tombés au champ de bataille pour que les Juifs aient un pays, mais les morts palestiniens. Et cela bien que le ministère de l’éducation ait instamment demandé à l’Université que ne se tienne pas cette cérémonie.

- Difficile de croire également qu’il faille attribuer à  Tzipi Livni, ancienne chef du parti d’opposition israélien Kadima, la déclaration suivante, déclaration qu’elle a faite juste avant de présenter sa démission :  « Israël est sur un volcan. L’horloge internationale tourne et l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique est en danger de mort ». Et elle a ajouté : « Pour se rendre compte de cela, les rapports du Shin Beth ne sont pas nécessaires ». Elle faisait ainsi allusion aux déclarations de l’ancien patron du Shin Beth, Youval Diskin, qui accuse Bibi de « tromper » les Israéliens sur l’Iran et d’être incapable de gérer une éventuelle guerre contre l’Iran. »

Tous ces antisionistes, qu’ils soient religieux ou laïques, prônent une seule et même idée, celle qu’ils énoncent dans la Charte du Réseau international juif antisioniste (IJAN) : la condamnation sans appel du sionisme :

 

- « Le sio­nisme est raciste. …,  le sio­nisme nous implique dans l’oppression du peuple pales­tinien. »

Comme les antisionistes non-Juifs, ils font l’amalgame sionisme= racisme. À leurs yeux, parce qu’il défend l’idée d’un État juif, le sionisme ne peut être qu’un mouvement raciste;

 

- Le sionisme est  « un projet colonial » : religieux et laïcs sont violemment opposés au sionisme qui aurait spolié les Arabes palestiniens de leur pays, et ils condamnent l’occupation, par Israël ou par des Juifs, de lieux saints qui appartiendraient à l’Islam et de Jérusalem.

- Le sionisme est « antisémite » : «  Le sio­nisme n’est pas seulement raciste, il est aussi anti­sémite, déclarent-ils.  Il reprend à son compte l’imagerie euro­péenne et anti­sémite du « Juif de la dia­spora » efféminé, cupide et faible, et il lui oppose celle d’un « Nouveau Juif », violent, mili­ta­riste et sexiste, un Juif qui est l’auteur d’une vio­lence raciale plutôt que d’en être une victime. »

-  L’opposition à l’existence même d’Israël est totale, et ces antisionistes vont parfois jusqu’à réclamer l’anéantissement militaire d’Israël.

- La solution au conflit israélo-arabe ? Elle passe, selon eux, par la création d’un État binational conforme à la demande des Palestiniens.

- Leur but ? Saper les fondements de l’État juif, donc détruire Israël et, par conséquent,  le peuple juif. Leur objectif est clairement énoncé: «  Pour que sur cette planète on puisse vivre dans la sécurité, la justice et la paix, il faut mettre fin au projet colonial israélien. C’est avec joie que nous nous lançons dans le travail de sape col­lective d’un système de conquête et de des­truction qui a fait souffrir notre monde pendant trop longtemps. »

Bien sûr, la plupart des actes qui nuisent à Israël, et qui sont source d’antisémitisme dans le monde, ne viennent pas des ultra-orthodoxes, mais des gauchistes israéliens.

Antisionisme religieux vs antisionisme laïc /politique

En quoi l’antisionisme religieux diffère-t-il de l’antisionisme laïc ?

Les raisons : Elles sont essentiellement d’ordre théologique. En effet,  selon leur interprétation de la Torah, les religieux antisionistes considèrent qu’Israël n’appartient pas aux Juifs, que l’établissement d’un État juif viole la loi juive puisque D.ieu aurait condamné le peuple juif à l’exil en raison de ses péchés, et que seul le Messie peut le rétablir sur la Terre sainte.

Leur mot d’ordre : «  Tu ne t’engageras point »,  vs celui des laïcs « Tu dois t’engager». Les religieux mettent l’accent sur le particularisme des Juifs, les laïcs sur l’universalisme.

Les religieux feignent ainsi d’ignorer que la neutralité est aussi un choix. Ne pas s’engager, c’est aussi s’engager.

Qui sont-ils ? Si à  l’origine la quasi-totalité des haredim  (les Craignant-D.ieu) – qui représentent 10% de la population israélienne- étaient antisionistes, beaucoup ont évolué, et acceptent de composer avec l’État d’Israël. Certains participent à la vie politique, et  sont devenus non seulement sionistes,  mais sionistes radicaux,  partisans du « grand Israël »,

Donc tout religieux n’est pas antisioniste. Il ne reste aujourd’hui qu’un petit nombre d’irréductibles encore ouvertement antisionistes,  et opposés à l’existence de l’État juif. Quant à leurs chefs spirituels, ils ne représentent pas plus de 1% des rabbins.

 

2. Que veulent-ils ?

S’ils se contentaient d’invoquer des raisons religieuses- la création de l’État d’Israël relève de la volonté divine-  pour justifier leur rejet absolu du sionisme, ils ne représenteraient pas un danger.

Mais ils vont beaucoup plus loin : au nom de leur foi en D.ieu, ils se donnent pour mission de déclarer la guerre au sionisme qu’ils accusent de « détourner les Juifs du judaïsme et de corrompre leur âme », parfois en des termes on ne peut plus belliqueux : « Les sionistes sont des apostats pourris ! » avait déclaré, avant même la création de l’État juif, le rabbin Chaïm Avraham Dov Ber Levine

Et Rabbi Yoel Teitelbaum, le Satmar Rebbe  déclarait « … car le Sionisme est la source empoisonnée de la pire souillure qui soit ; le Sionisme est la pire cause des problèmes dans le monde entier ; et ce sont eux qui souillent le monde entier ! «

 

Pour bien montrer qu’ils ne partagent pas le nationalisme juif, le jour de Lag Baomer, au lieu d’allumer des feux de joie, les religieux antisionistes brûlent le drapeau israélien, non seulement dans les grandes villes de la diaspora (Londres, Los Angeles, Anvers…) , mais aussi à Jérusalem.

 

Et comme si cela ne suffisait pas, ils prennent fait et cause pour les Palestiniens. D’ailleurs, les mots qu’ils utilisent pour parler du conflit israélo-arabe sont ceux de tous les antisionistes. Comme eux ils voient dans les Palestiniens des victimes, et parfois ils n’hésitent pas à qualifier les Israéliens de voleurs de terres : «  »Tout le monde doit savoir que la colère des Arabes à notre égard n’a été causée que par les Sionistes ! déclarait Rabbi Baroukh Kaplan, le proviseur de l’école Beis Yaakov à Brooklyn.

 

Évidemment, le premier nom qui nous vient à l’esprit quand on parle du courant religieux antisioniste, c’est celui des Neturei Karta qui, depuis 67, sont passés dans le camp des ennemis d’Israël avec lesquels ils n’ont aucun scrupule à collaborer. Aucun mot – vichystes, traîtres, collabos- n’est assez fort pour les qualifier. Quel mot employer pour parler de ces « Juifs » qui se sont rendus en Iran pour participer à la conférence de négation de l’Holocauste ? Invraisemblable ! On croirait nager en pleine fiction !

Certes, ils ne sont pas seuls à être antisionistes mais, même si la liste des groupes juifs orthodoxes antisionistes peut paraître longue, ils ne sont pas très nombreux pour autant ni aussi virulents que les premiers. La plupart sont originaires de Lituanie et de Hongrie. Citons quelques noms à titre indicatif : Malochim, Satmar, Tosh, Munkacs, Brisk, Pupa, Nitra, etc.

À cause de leur opposition au sionisme, les Satmar sont souvent confondus avec les Neturei Karta. Or, ils se dissocient complètement de ces derniers depuis la Guerre des Six jours. Quand les Neturei Karta ont pactisé avec les Arabes, le Satmar Rebbe a déclaré en faisant référence à leur nom : ce ne sont plus « les gardiens de la cité », mais des « Marhivei Karta » « destructeurs de la cité ».

 

Il n’en demeure pas moins que, pour le Rabbi Satmar,  le Sionisme est en totale violation de la Torah : « Si on devait considérer toutes les violations des générations et les nombreuses transgressions commises de par le monde et les mettre d’un côté d’une balance et placer l’état sioniste de l’autre, on déciderait de façon accablante qu’il est la racine de l’impureté et des dégâts dans le monde entier et qu’il contamine le monde entier », et il annonce : « Le Sionisme ne durera pas éternellement ».

Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, ces ultra-     orthodoxes  demeurent dans ce pays dont ils refusent de reconnaître l’existence. Alors,  on a envie de leur dire : « Mais que diable êtes-vous allés faire dans cette galère ? » La réponse, nous la connaissons : ils jouissent en Israël d’un grand nombre de privilèges qu’ils n’auraient certainement pas ailleurs. Ainsi,

- dans ce pays qu’ils condamnent, ils peuvent ne pas travailler et recevoir des subventions parce qu’ils sont religieux ;

- dans ce pays qu’ils condamnent, ils sont à l’abri des persécutions antisémites, et ils sont dispensés de faire leur service militaire

- dans ce pays, le rabbinat jouit d’une place importante qu’il n’aurait pas en diaspora

Un autre avantage,  et non le moindre : avec 7,8 enfants / famille, ils perçoivent des allocations familiales substantielles.

Pourtant, en dépit de ces nombreux avantages, ils se considèrent en exil en Israël et refusent la citoyenneté israélienne, leur existence ne pouvant se concevoir autrement que dans le cadre de l’exil.

En exil, soit. Mais alors qu’ailleurs, comme l’exige la loi juive, ils auraient fait chaque jour une prière pour le pays d’exil, ils se refusent à  la faire pour l’État d’Israël.

 Par ailleurs, ils refusent de travailler alors que le Pirkei Avoth (chapitre 2, michna 2) précise que « toute étude qui n’est pas associée au travail finira par s’anéantir et amener le péché ». Si le juif a le devoir de transmettre la Torah, il a aussi celui de pourvoir à ses besoins par le travail. Alors, pourquoi prétexter que travail et étude de la Torah sont incompatibles ?

Cette opposition systématique au sionisme et à l’État d’Israël s’explique-t-elle uniquement par des raisons théologiques ? Certes, on peut comprendre que la création d’un État juif et laïc soit, à leurs yeux,  quelque chose d’inacceptable, quelque chose qui va à l’encontre de la Promesse de D.ieu. Mais on peut aussi se demander, à en juger par leur refus de travailler,  s’il ne s’y ajoute pas une certaine résistance au changement et à la modernité ?

Je ne sais plus qui avait dit que l’État d’Israël représente « notre plus grande victoire de l’histoire ».

 

Alors, puisque nous sommes entrés dans l’ère messianique, ne peut-on interpréter le sionisme comme le prélude à l’arrivée du Messie ? Bien que ce mouvement soit bien antérieur à la Shoah, ne peut-on considérer qu’il y a  quelque chose de miraculeux dans la création de l’État d’Israël tout de suite après le génocide de six millions de Juifs ? Après avoir plongé le peuple juif dans les ténèbres, D.ieu a eu pitié de lui et fait la clarté. On est donc passé du deuil à la joie. Voilà pourquoi les deux célébrations, Yom Hazikaron et Yom Atzmaout, se suivent. Ne faut-il pas y voir la preuve que « D.ieu enlève, D.ieu donne » ?

De toute façon, ce n’est pas l’antisionisme de ces ultra-orthodoxes qui est le plus dangereux et le plus à craindre pour la sécurité d’Israël. C’est celui des laïcs dont nous parlerons dans une prochaine chronique.

Dora Marrache – rédaction israel-flash   

Chroniqueuse, Radio-Shalom, Montréal


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Publié dans Antisémitisme

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