CHANTAGE ET "ETAT PALESTINIEN" Portraits croisés de Mahmoud Abbas

Publié le par Eli d'Ashdod

CHANTAGE ET "ETAT PALESTINIEN"

Portraits croisés de Mahmoud Abbas

Le problème de crédibilité d'Abbas, par Khaled Abu Toameh, journaliste arabe israélien, musulman, éditorialiste au Jerusalem Post


Par Khaled Abu Toameh

Alain Finkielkraut le 26 septembre, dépêche Yahoo : Finkielkraut a dit qu'il était impressionné par la sincérité du leader palestinien... Il a ajouté que M. Abbas "nous a parlé de son désir d'un accord négocié, de sa volonté de passer d'une culture de la violence à une culture de la paix."

Richard Prasquier le 28 septembre sur RMC avant sa rencontre avec Mahmoud Abbas: "À titre personnel, je lui dirai que j'admire sa ténacité dans la recherche d'une solution pacifique. C'est déjà un engagement ancien de sa part".

Richard Prasquier le 28 septembre après sa rencontre avec Mahmoud Abbas Newsletter du CRIF: "J'ai rendu hommage à son courage alors qu'il est tellement plus confortable de camper sur des positions extrémistes que sur des positions modérées... Je voudrais conclure sur la tonalité de cette rencontre, en la résumant par un terme, ... c'est le mot de "respect".

Richard Prasquier le 29 septembre Newsletter du CRIF : "J’ai effectivement rendu hommage à la ténacité du Président de l’Autorité palestinienne qui depuis longtemps a accepté le dialogue."

Le problème de crédibilité d'Abbas, par Khaled Abu Toameh

Date de publication : le 01 octobre 2010

Titre original : Abbas’s credibility problem

Traduction :objectif-info

Pour de nombreux Palestiniens, il est évident que le chef de l'Autorité palestinienne poursuivra ses entretiens avec Israël, même si les bulldozers reprennent de l'activité dans les implantations.

La crédibilité du président Mahmoud Abbas a été compromise au point qu'il est difficile d'envisager un scenario où il serait en mesure de convaincre ne fut-ce qu'une poignée de Palestiniens d'accepter un accord avec Israël.

Ses zigzags continuels, son double discours et ses menaces sans conséquences auront eu l'effet le plus dévastateur pour lui.

Cette semaine, avec l'expiration du moratoire sur la construction dans les implantations, la crédibilité d'Abbas a subi un nouveau coup, grave sinon mortel. Pendant des mois, il avait menacé de quitter les négociations de paix si le gel de dix mois, qui a expiré le 26 septembre n'était pas prolongé. De fait, il a continué à lancer des menaces jusqu'à la dernière minute.

Quelques heures seulement avant que le moratoire n'expire, Abbas déclarait publiquement : "nous ne poursuivrons pas les négociations, pas même un jour après l'expiration du gel des implantations."

Sans surprise, pendant qu'il menaçaient, en arabe, de se retirer des entretiens, lui et ses assistants envoyaient à destination de Washington et des gouvernements occidentaux, en anglais, le message qu'ils n'avaient aucune intention de suspendre les négociations.

Au cours de sa visite aux Etats-Unis la semaine dernière, on a pu citer à plusieurs occasions Abbas disant qu'il ne se retirerait pas des entretiens, même si les constructions dans les implantations reprenaient. Ces déclarations n'ont pas été reprises dans les médias palestiniens officiels, où les rédacteurs et les journalistes reçoivent instructions et salaires du gouvernement de l'Autorité palestinienne.

Pour de nombreux Palestiniens, il est évident que le chef de l'Autorité palestinienne poursuivra ses entretiens avec Israël, même si les bulldozers reprennent de l'activité dans les implantations. Il s'est avéré que sa menace était sans consistance, comme la précédente.

Ceux qui suivent Abbas depuis des années se sont habitués à l'entendre dire une chose et à faire le contraire. Jusqu'il y a quelques semaines, Abbas menaçait de ne pas accepter des négociations directes à moins que le gouvernement de Binyamin Netanyahu n'accepte la solution à deux états, reconnaisse les lignes de 1967 comme frontières d'un état palestinien, et promette d'interrompre les constructions dans les implantations.

En fin de compte, il a participé à des entretiens directs sans qu'aucune de ces conditions ne soit remplie. Il a défendu sa décision en prétextant de fortes pressions des Américains et des Européens.

Auparavant, Abbas avait proféré une autre menace : il ne consentirait à négocier indirectement qu'à la condition que le gouvernement de Netanyahu accepte d'entamer les négociations au point où elles s'étaient arrêtées en 2008, à l'époque de Ehoud Olmert. En fin de compte, naturellement, Abbas participa aux négociations indirectes.

Les menaces d'Abbas renvoient par de nombreux aspects à l'époque où il était le numéro 2 de Yasser Arafat. En compagnie de son ancien patron, il avait l'habitude de déclencher des chicanes presque tous les jours, parfois sur les sujets les plus insignifiants comme la place qui lui était attribuée dans les dîners officiels. Les tensions entre les deux hommes connurent un pic il y a moins d'une décennie quand Arafat nomma Abbas premier ministre de l'Autorité palestinienne. Dès le premier jour, Abbas commença à se plaindre qu'Arafat interférait sur ses attributions.

Dès lors, Abbas fit ce qu'il sait faire le mieux : il menaça de démissionner, et ce fut le seul cas où il mit effectivement sa menace à exécution. Par la suite il proféra des ultimatum du même genre une ou deux fois par semaine.

Ses menaces sont souvent dirigées contre l'administration américaine et les donateurs occidentaux. Le message d'Abbas : "soutenez-moi davantage au plan financier et politique ou je démissionne".

Il a menacé de rompre avec les Américains et les Européens pour ne pas l'avoir soutenu dans son conflit de pouvoir avec le Hamas. Il a menacé de démanteler l'Autorité palestinienne si l'Occident ne mettait pas suffisamment de pression sur Israël. Avant que son mandat n'expire en janvier 2009, il menaça de partir si le Hamas n'autorisait pas la tenue de nouvelles élections présidentielles et législatives dans la bande de Gaza.

La décision d'Abbas de cette semaine, visant à différer sa menace d'interrompre les négociations de paix pour une semaine ou deux n'a pas été une surprise pour beaucoup de Palestiniens. "Nous avons l'habitude de ce genre de zigzag" déplorait un député du Fatah à Ramallah. "Qui prendrait cet homme au sérieux après toutes ces mises en garde creuses ?"

Abbas sait parfaitement proférer des menaces, mais il est tout aussi expert dans l'esquive de ses responsabilités. Il fait actuellement comme l'an passé : il laisse aux autres le soin de décider pour lui. Pour éviter d'assumer ses responsabilités, il a invité les ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe à discuter des répercussions de la reprise des constructions dans les implantations et à décider si l'Autorité palestinienne doit continuer ou pas son dialogue avec Israël.

Abbas veut que les ministres arabes fassent comme dans le passé, qu'ils lui donnent une échelle pour grimper tout en haut de l'arbre. On prévoit qu'ils "l'autoriseront" très probablement à poursuivre les entretiens.

Il pourrait ainsi justifier un tournant à 180° de sa position en excipant un mandat du monde arabe pour poursuivre les négociations malgré la reprise des constructions.

La défense d'Abbas est maintenant basée sur l'argument qu'il s'est rendu à la table des négociations uniquement sous la pression des Etats-Unis et de l'Europe et qu'il continue de siéger uniquement parce que ses frères arabes lui ont donné un feu vert dans ce sens. Avec de tels arguments et autant de menaces avortées, il sera impossible de trouver un Palestinien pour signer un accord, quel qu'il soit, qu'Abbas amènerait à maison.

Publié dans Fatah

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